
Un
opprobe terrible pèse sur toutes les activités
humaines, y compris l'art ou la philosophie, depuis que le siècle
dernier a inventé la mort de masse et l'acharnement à éradiquer
toute trace d' humanité sur les visages. En privant hommes,
femmes et enfants de nom, en dénudant et en frappant leurs
corps, en rasant leurs cheveux et en ravageant leur chair avant
de la faire périr comme une chose inutile ou nuisible,
les assassins ont laissé derrière eux un héritage
de mort. Or, par son travail sur le visage humain, sans naïveté aucune,
avec au contraire une extrême conscience de la force du
mal, Didier Ben Loulou s'oppose résolument à cet
héritage. Avec d'autres, avec ceux qui, artistes ou philosophes,
savent combien la nuit peut grandir avec une rapidité extrême
sans que personne, ou presque, ne la retienne, il obéit à une
injonction de vie. Ses photographies, en ce sens, laissent entrevoir
l'aube incertaine et fragile d une réparation.
Catherine Chalier.
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