
Il
y a l'infiniment grand : des amas, des concentrations d¹étoiles
et de galaxies ; des amas globulaires.
Il y a l'infiniment petit : l'invisible.
Entre les deux : la matière. Des corps dans l'espace.
Qu'est-ce
que l'espace vide ? qu'est-ce
que l'espace-temps ? l'espace est-il constitué d¹une
multitude de petits cubes ou de petites sphères ?
L'espace
est tissé de fibres. Chaque noeud et
chaque ligne définit une portion de l'espace. Les formes
de l'Invisible. Ressemblance à un tissage arachnéen.
La toile ;
la symétrie de la toile.
La toile, l'araignée et son fil.
Un fil qui,
au plan mystique, évoquerait le cordon ombilical,
ou la chaîne d'or reliant la créature au créateur.
Une araignée qui fait figure de créatrice cosmique,
de divinité supérieure, de démiurge.*
Dans sa toile,
des étoiles se fixent. Le temps se suspend,
la matière est sous tension continue. Alors des réseaux
se tendent, se lient, se connectent et décrivent la géométrie
de l'espace.
Sous et entre
ces surveillances continues de réseaux en
devenir régit la gravitation, l'apesanteur. Le poids
et la chute des corps. L'occupation du corps dans un espace
définit et l'évanescence de son mouvement.
Et puis ce
corps qui est le mien. Mon Je dans un espace. Un espace intime
dessiné par la présence de L¹Autre. Un
corps physique, dont je ne peux voir qu¹une seule face pourtant
trompée par son reflet.
Sur
ce corps, l'infiniment petit se devine à nouveau.
Sur cette masse se redessinent une toile, se relient des points.
Naevus [Nevys] n.m. (mot lat., tache). Des lignes. Des constellations.
Répertorier mon corps, archiver ses malformations dans la
mémoire. Cartographier sa matière pour peut-être
mieux en connaître le verso.
muriel décaillet,
24.08.04
*
dictionnaire des symboles, J.Chevalier, A.Gheerbrant, éd.
Robert Laffont/Jupiter, Paris 1982